Extrait

Mariés depuis deux ans et demi, ma femme et moi avions commencé notre vie commune en faisant l’amour tous les jours. Six mois plus tard, nous nous alanguissions hebdomadairement. Encore six mois et l’abonnement devint bimensuel. Six mois de plus et notre mensualité me rappelait les virements automatiques qui m’arrachaient le cœur chaque fin de mois. Après six nouveaux mois, j’ai appris le mot bimestriel. Lorsque je lui disais que j’étais obsédé par son corps, elle me répondait en riant de me faire soigner. C’est dans ce contexte que j’ai commencé à réfléchir à notre prochaine Saint-Valentin. Nous nous étions rencontrés pendant la fête des amoureux. Nous la fêtions chaque année scrupuleusement. C’était mignon, c’était touchant, cela devenait déjà ennuyeux. Un ami, qui se rendait six fois par an en Asie, m’a procuré pour une somme prohibitive un aphrodisiaque surpuissant qu’il m’a conseillé d’administrer avec la plus grande prudence. J’ai considéré, au contraire, qu’il était préférable d’utiliser toute la dose afin d’être certain d’obtenir un effet sur ma femme, étant donné la périodicité de nos accouplements. Ai-je eu tort ? Certes, à la suite de cette expérience, nous avons été obligés de déménager. Bien des hommes auraient aussi quitté leur femme ; moi, je ne regrette rien. Le matin de la Saint-Valentin, après les petits bisous d’usage, elle a avalé le thé que je lui avais préparé. Dix minutes ont passé. Aucun changement notable. Elle a enfilé son monokini pour prendre...